Listes de préférences pour consommateurs: vers plus d'harmonie
Les entreprises qui souhaitent envoyer de la publicité adressée par la poste seront à l'avenir légalement tenues de vérifier et de respecter les souhaits des citoyens qui ne souhaitent pas la recevoir. La secrétaire d'État à la protection des consommateurs, Eva De Bleeker, veut obliger ces entreprises à consulter une liste, analogue à la liste « Ne m’Appelez Plus », qui peut également être appliquée légalement. C'est une bonne initiative pour le secteur du marketing.
L'ancienne liste Robinson "téléphone" a évolué vers la liste Ne m’Appelez Plus , qui existe depuis 2015. Les entreprises qui souhaitent appeler les consommateurs et les informer des offres doivent consulter la liste Ne m’Appelez Plus.
La liste Robinson "courrier" existe pour le courrier adressé. Contrairement à la liste Ne m’Appelez Plus, les entreprises ne sont pas obligées de consulter cette liste avant d'envoyer de la publicité. De fait, la liste Robinson est une initiative volontaire de l'ancienne BDMA, qui a entre-temps fusionné avec l'IAB et STIMA pour former l'actuelle BAM, l'Association belge du marketing. Les entreprises qui sont membres de BAM sont encouragées à consulter cette liste, mais il n'y a pas de sanction juridique sous la main. Pour les non-membres, il n'y a aucune contrainte.
Ceux qui figurent sur la liste Robinson ne devraient plus recevoir de publicité par publipostage. Toutefois, ce n'est pas la panacée. Cette liste est utilisée depuis les années 1990 en raison de la législation sur la protection de la vie privée, précurseur du GDPR, qui a vu le jour en 1992. Le problème est que cette liste Robinson n'a pas encore de base juridique, contrairement à la liste Ne m'Appelez Plus dont l'utilisation est réglementée par la loi et AR. Et par conséquent les entreprises qui ne respectent pas cette liste Ne m'Appelez Plus peuvent donc être sanctionnées, alors que ce n'est pas le cas pour la liste Robinson.
Le consommateur doit avoir le choix de recevoir ou non une publicité personnalisée. En tout cas, pour ne plus recevoir de la publicité adressée, il est utile de figurer sur cette liste car en général les entreprises qui font beaucoup de publipostage utilisent ces listes de manière très intensive. Il est bon pour le consommateur et le secteur qu'une base juridique soit créée qui rende leur utilisation obligatoire.
Aujourd'hui, 315 000 adresses figurent sur la liste Robinson pour courrier. Il serait bon que chaque entreprise respecte cette liste. Les entreprises ont également un intérêt commercial à respecter cette liste afin d'optimiser le retour sur investissement des campagnes de publipostage, en ce sens qu'elles n'atteignent que les parties potentiellement intéressées et évitent d'approcher, voire d'irriter, les parties non intéressées. Après tout, il ne sert à rien de promouvoir des fusils de chasse auprès de pêcheurs féroces.
Il est également logique d'étendre les obligations qui existent pour le courrier électronique et le téléphone au courrier adressé. Il s'agit de créer des conditions équitables entre les entreprises qui respectent scrupuleusement ces listes et celles qui sont moins scrupuleuses, ou qui les ignorent tout simplement.
Des entreprises étrangères échappent souvent à nos lois et règlements sur les listes de préférences des consommateurs, comme la liste Robinson et Ne m'Appelez Plus en opérant à partir de leur pays d’origine. En effet les directives européennes sur le droit des consommateurs contiennent des règles minimales auxquelles les États membres ajoutent souvent leurs propres règles sans consultation, ce qui aboutit souvent à un patchwork de 27 systèmes juridiques différents. Ceci ne favorise pas la confiance des consommateurs et un marché sans entraves aux échanges.
La secrétaire d'État De Bleeker veut rendre obligatoire la consultation de la liste Robinson, mais aussi faire respecter plus efficacement la liste Ne m'Appelez Plus. Parce qu'apparemment, il y a encore des entreprises qui font comme les listes n'existent pas. Ses services étudient un certain nombre d'options. Faire appel à des organes de contrôle indépendants et neutres est le meilleur choix. BAM serait heureux de pouvoir y contribuer.