Marketing Book: Alexander De Croo à propos de « Digitalis »

Embrassons pleinement la révolution numérique et employons-nous à faire de la Belgique la capitale de « Digitalis ». Telles sont les ambitions que Thierry Geerts, Country Manager de Google dans notre pays, développe dans son livre paru cette année. Nous en avons discuté avec Alexander De Croo, ministre fédéral de l’Agenda numérique.

 

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Que pensez-vous de la thèse développée par Thierry Geerts ? 

Je suis tout à fait d’accord avec lui. Le sentiment qui a dominé pendant trop longtemps est que le digital nous tombe dessus et que les pouvoirs publics doivent nous en protéger. Thierry Geerts souligne à juste titre que nous pouvons contribuer à le façonner et à en faire ainsi un levier pour améliorer notre société. Il montre également toute la richesse de cette réalité : elle ne concerne pas seulement Google et le petit monde des start-ups, mais aussi la numérisation des secteurs classiques de notre économie et l’amélioration des compétences digitales de tout un chacun. 

Faites-vous partie des techno-optimistes ? 

Tout à fait. En favorisant la numérisation, nous créons de nombreuses opportunités. Mais il va sans dire que j’en perçois aussi les risques. Les gens ont souvent du mal à accepter les changements rapides que la technologie entraîne. Il faut donc s’employer à accroître leur confiance. Pour ce faire, nous devons les informer et leur donner les moyens pour participer activement à ce processus. 

Quelle est la position de notre pays en matière de digitalisation ? 

Nous sommes plus avancés que la plupart des Belges seraient portés à croire. Toutes les études mondiales montrent que la Belgique est l’un des pionniers de la digitalisation. Mais les gens ne s’en rendent pas compte parce que cela touche davantage le B2B que le B2C, d’où la moindre visibilité du phénomène. À cela s’ajoute notre faible propension à célébrer nos succès. Thierry estime que nous devrions montrer plus de fierté. Il fait preuve d’ambition, ce que j’apprécie beaucoup. 

Êtes-vous d’accord avec lui pour dire que ce sont surtout les pouvoirs publics et les entreprises qui doivent prendre l’initiative ? 

Absolument. Le gouvernement doit établir une réglementation judicieuse qui favorise véritablement l’innovation. Il doit aussi montrer l’exemple en digitalisant ses propres services. Sur ce point, toute une série d’initiatives ont déjà été lancées. Nous avons notamment mis en place un groupe d’experts, Digital Minds for Belgium, pour nous conseiller en la matière. Notre application mobile Itsme® est à la pointe du progrès en matière d’identification en ligne et notre projet eBox veut mettre à la disposition de tous les citoyens et de toutes les entreprises une boîte aux lettres électronique assortie d’autres outils, tels que Doccle. 

Par ailleurs, notre pays a été le premier État européen à proposer une législation sur l’économie de partage. Enfin, nous devons prendre soin de nos talents. Grâce à la numérisation, tout service ou produit peut provenir de partout au monde. Seuls les talents sont moins mobiles. Il y a encore beaucoup de pain sur la planche en matière d’enseignement, par exemple. Mes fils, âgés de 10 et 7 ans, exerceront peut-être plus tard un emploi qui n’existe pas encore aujourd’hui, mais nous devons les préparer dès maintenant aux compétences dont ils auront certainement besoin. Je pense notamment au travail d’équipe, à la gestion des échecs et à la stimulation de la créativité. 

Y a-t-il des éléments du livre avec lesquels vous n’êtes pas d’accord ? 

Thierry Geerts peut faire ce qui est impossible pour les responsables politiques : partir d’une feuille blanche pour brosser une situation idéale. Dans la réalité, les choses sont bien sûr plus complexes. Mais cette confrontation peut être salutaire et féconde. Thierry a aussi tendance à ne voir que le côté positif des choses, mais j’aime cette démarche, car elle stimule la réflexion. C’était d’ailleurs son intention en écrivant ce livre. 

Quelles sont les leçons que l’on peut tirer de cette lecture ? 

L’auteur montre bien comment la technologie est créatrice d’emplois. Souvent, on la considère comme une grande destructrice de jobs, alors que jamais autant de gens n’ont travaillé qu’aujourd’hui. 

Quel lien voyez-vous entre la numérisation et les droits des femmes, le thème de votre propre livre « De eeuw van de vrouw » (le siècle de la femme) ? 

Nous évoluons vers un monde où les compétences féminines joueront un rôle de plus en plus important. Je pense à l’intelligence émotionnelle et au multitasking. Pourtant, le nombre de filles dans les filières scientifiques et informatiques reste très faible. Et ce, alors qu’elles sont aussi fortes en mathématiques que les garçons. Nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller leurs talents ! Mais il y a encore beaucoup à faire pour tordre le cou aux stéréotypes en matière de rôles traditionnellement dévolus aux hommes et aux femmes… 

 

A propos du rubrique "Le livre de marketing"

Chez BAM, nous mettons tout en œuvre pour inspirer nos membres. À cet effet, nous attirons régulièrement leur attention sur des ouvrages de marketing intéressants en leur proposant des critiques de livres, des comptes rendus de présentations, des synthèses de tables rondes, etc. À la fin de l’année, nos membres peuvent élire le Marketing Book of The Year parmi notre sélection.