« Je ne me considère pas comme une marketeuse »

On peut apprendre énormément de personnes actives dans un domaine très différent du nôtre. C’est précisément la raison pour laquelle Jasna Rok, l’alter ego de Jasna Rokegem, a été invitée à prendre la parole au BAM Marketing Congress. Elle associe la mode à la digitalisation en créant des vêtements qui étendent les capacités de celui qui les porte et lui permettent de développer son intelligence émotionnelle. Quel est l’intérêt pour les marketeurs ?

jasna rok

 

À quoi ressemblera l’industrie de la mode dans 10 ou 20 ans ?

Je suppose qu’elle sera beaucoup plus digitalisée. J’ai mis sur pied Jasna Rok Lab dans le but d’accroître les capacités des gens à l’aide de vêtements hautement technologiques. Dans les années à venir, la mode aura une occasion unique d’évoluer d’une industrie polluante – la fast fashion – vers une plateforme qui nous rend plus intelligents et plus beaux. Les vêtements peuvent nous protéger, changer de couleur ou de forme, ne plus jamais se salir… Nous ne sauverons peut-être pas notre civilisation, mais nous pouvons au moins arrêter de la ravager.

Chaque projet du Jasna Rok Lab prouve que l’on peut s’y prendre autrement. Nous voulons être un moteur du changement. Grâce à des partenaires tels que la NASA, Nokia et Fujitsu, nous pouvons étendre notre champ d’action.

Quelle est l’importance de la durabilité pour vous ?

Je rêve secrètement d’un vêtement unique qui s’adapterait à tous nos besoins. Une sorte de jumeau digital qui nous aiderait à devenir la meilleure version de nous-même. De cette manière, nous cesserions en outre de faire partie des secteurs les plus polluants. Par ailleurs, je veux aider les êtres humains à accéder à un nouveau stade de conscience. Car l’innovation commence par l’humain.

À votre avis, le rôle du marketeur est-il en train de changer dans ce secteur ?

Lorsqu’un marketeur peut savoir exactement ce que je ressens grâce aux vêtements et à la technologie, il peut l’exploiter de façon très positive ou en abuser gravement. La responsabilité éthique est donc cruciale. Il faut établir de nouvelles règles…

En outre, les marketeurs peuvent contribuer à changer le mode de fonctionnement de la mode. Celui-ci est plutôt bizarre pour l’instant. Un couturier crée une collection, celle-ci est présentée lors d’un défilé, et puis on croise les doigts pour qu’elle se vende. Les marketeurs, quant à eux, partent des besoins et effectuent des tests A/B. Leur méthodologie pourrait apporter beaucoup au secteur.

Votre vision peut-elle s’appliquer à d’autres secteurs ?

Il faut oser regarder ce qui se passe ailleurs ! La clé pour avancer rapidement réside dans les projets et les innovations intersectorielles. Ensemble, on obtient plus vite un impact. Les marketeurs sont parfaitement placés pour assumer ce rôle de rapprochement entre les personnes et les entreprises.

En outre, je recommande aux marques d’avoir davantage recours à des artistes comme ambassadeurs. Moi-même, j’endosse souvent ce rôle pour des marques. Cela signifie que ces marques rejoignent ma vision. C’est ainsi que l’on peut produire un impact et un changement de l’intérieur.

Enfin, il faut oser sortir des sentiers battus. Le contenu émotionnel prend de plus en plus d’importance en marketing. On peut faire des choses tellement folles avec les artistes !

Mais cela ne s’arrête pas là. Examinez les nouvelles technologies ou interfaces lorsque vous voulez lancer quelque chose. Elles permettent de capter l’attention. Et considérez également la mode comme une interface. En la couplant avec la technologie, elle devient une source de data.

Dernière question : vous considérez-vous comme une marketeuse ?

Non, ce n’est pas comme cela que je me définis. Je me vois plutôt comme une innovatrice et une entrepreneuse qui veut développer encore plus notre intelligence émotionnelle par le biais des vêtements et de la technologie.

Consultez le programme complet du BAM Marketing Congress

 

A propos de cet article:

Date de publication: 29 octobre 2021

Editeur: Bart Lombaerts