Des orateurs investis d’une mission
Alors qu’un soleil radieux menaçait de plonger les participants, encore nombreux, dans la torpeur, des orateurs passionnés ont mis le feu à la salle B du Nekkerhal. L’après-purpose, le manque de diversité ou l’industrie « woke » qui verse dans l’opportunisme : les intervenants lors du dernier après-midi du BAM Marketing Congress n’ont pas eu peur d’aborder des thèmes controversés, de l’individualisme à l’engagement (politique) en passant par la quête de sens. Tour d’horizon.
« Pay your taxes. » « An increasingly out of touch advertising industry has stopped selling and started saving the world but how genuine is our commitment to social justice? » « We are dominated by self-interest. » Ceux qui pensaient faire une petite sieste après le lunch convivial ont été immédiatement réveillés par Steve Harrison.
N’hésitant pas à faire des déclarations controversées et à multiplier les slogans accrocheurs, ce directeur du marketing à contre-courant s’est attaqué aux points sensibles du secteur publicitaire. Notre politique dicte les publicités que nous faisons et nous éloigne de notre public. La population moyenne, bombardée de campagnes commerciales qui suivent un agenda « woke » prédéterminé, ne parvient plus à se reconnaître dans les entreprises. Et ces mêmes entreprises ne paient pas leurs impôts ! Provocateur, gourou du marketing politiquement incorrect et rebelle sans cause : Harrison a tendu un miroir aux nombreux marketers présents dans la salle et a visiblement apprécié la controverse que son discours a suscitée.
« Je ne suis pas d’accord avec vous », s’est exclamée prudemment une femme lors de la séance de questions. « C’est parfait », a répondu en ricanant un Harrison visiblement ravi. On l’adore ou on le déteste…
Hero trap
L’expert danois en marketing Thomas Kolster s’est également insurgé contre un secteur piloté par l’opportunisme et a mis en garde contre le « hero trap » : essayez donc de voler comme Superman, et vous verrez que la chute est douloureuse ! D’après le Danois, il est grand temps d’adopter une nouvelle approche marketing, qui mettrait davantage l’accent sur les personnes et leur permettrait d’améliorer leur quotidien. « Le changement ne commence pas par la question du pourquoi, mais par la question du qui. Les marques qui inspirent et changent les gens se demandent : qui pouvons-nous aider les gens à devenir ? »
Recruitment marketing
Un vent de jeunesse intrépide a ensuite soufflé dans la salle. Il n’a que 22 ans mais affiche déjà la bravoure d’un orateur chevronné : Hassan Al Hilou s’est lancé dans un discours engagé sur la diversité. « Je ne suis absolument pas un marketer », a déclaré l’entrepreneur bruxellois et fondateur de Capital asbl au début de son intervention. S’agissait-il d’une excuse à l’attention du public ou d’une affirmation empreinte d’une certaine fierté ? Peu importe : Al Hilou a prononcé un discours serein mais urgent sur l’importance de la diversité au travail. « Rien qu’en Belgique, 20 % de la population est issue de cultures étrangères, mais les entreprises peinent à toucher ce groupe. Si vous voulez vraiment obtenir plus de diversité dans votre équipe, vous devez faire du recruitment marketing basé sur la diversité existante dans votre entreprise. »
Le BAM Marketing Congress s’est clôturé en beauté. Et ce, littéralement, car avec Arne Quinze, c’est un homme non conformiste et doté d’un sens aigu du beau qui a fait son entrée dans le palais des congrès de Malines. L’artiste puise son inspiration esthétique à la fois dans la vie trépidante des villes et dans la nature intacte. Mais il faut bien sûr être à même de déceler cette beauté. « Les gens sont complètement déconnectés de la nature. Pourtant, pas besoin d’aller très loin pour découvrir la beauté. Il suffit de sortir dans son propre jardin. »
Le public est sorti de ce dernier après-midi du BAM Marketing Congress avec plus de questions que de réponses. Une fois de plus, il s’est avéré que la seule certitude du marketing à l’heure actuelle est qu’il n’en existe aucune. Animé, tendu et varié : le dernier après-midi du BAM Marketing Congress a réussi à engager un débat constructif sur la mondialisation, le collectivisme contre l’individualisme et le purpose qui a incontestablement marqué les esprits.